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Coupe du Monde 2014: Pourquoi les brésiliens sont-ils descendus dans la rue ? (1/2)

par Antoine Verger 8 Juillet 2014, 14:01 Politique Société Monde et Culture

Coupe du Monde 2014: Pourquoi les brésiliens sont-ils descendus dans la rue ? (1/2)

~~Jeudi 12 Juin, le Brésil et les brésiliens bouillonnent . De la passion en cataractes, en cascades à travers le monde et au sein de cette terre de football. Ce jour-là, débute la « Copa do Mondo », après sept ans de préparatifs, ponctués de périodes chaotiques. Portrait d'un Brésil que le football n'avait pas rassemblé jusqu'au début de la Coupe du Monde, mais bien une fronde sociale aux revendications hétéroclites.

~~La goutte d'eau qui fait déborder le vase... A l'origine, une simple hausse du prix de ticket de bus, de 3 réais à 3, 20 réais, dans la ville de Sao Paulo. Contre toute attente, cette augmentation a pris des proportions inimaginables, au point qu'il n'est pas difficile de se convaincre que cet événement n'était qu'un prétexte tout trouvé à l'expression d'un mal-être, la mise en lumière de problèmes sociaux et la remise en cause de décisions incomprises. La fronde sociale a vite atteint une bonne centaine de villes, laissant sur la Coupe du Monde de football 2014 planer l'inquiétude de la FIFA et du gouvernement brésilien.

Réactions de toutes parts

Tour à tour, les dirigeants des deux organisations se sont essayés à des déclarations avec plus ou moins de brio. Nous retiendrons surtout ce dérapage maladroit de Michel Platini, président de l'UEFA, qui a produit un tollé parmi les protestataires locaux. «S'ils peuvent attendre un mois avant de faire des éclats un peu sociaux, ce serait bien pour le Brésil et pour la planète football. Bon, après, on ne maîtrise pas» dit-il avec un simplisme étonnant. Vu d'Europe, les médias se sont un peu vites jetés sur un aspect de la fronde sociale, qui touchait évidemment, en priorité la Coupe du Monde. Les stades dont la construction était en retard, l'investissement mirobolant des pouvoirs publics, ont occupé l'espace médiatique pendant des heures, et de façon extrêmement répétitive en France. De quoi masquer la myriade de soucis revendiqués par les populations du Nord comme du Sud brésilien.

La Coupe du Monde, la partie émergée de l'iceberg

Pour cause, les pouvoirs publics ont financé le Mondial à 99%, à hauteur de 14,5 Milliards d'euros, une somme colossale. C'est ce qui rend les retards pour les aménagements des stades « standard FIFA » incompréhensibles, et dommageables pour l'image internationale du Brésil. En déclin au niveau économique après l'ère Lula, le Brésil cherche un nouveau souffle avec comme figure de proue la protégée de ce dernier, Dilma Roussef, ancienne activiste. Ce mondial a pour visée implicite d'attirer les investisseurs étrangers, et des stades en rénovation achevés in-extremis ne font pas bonne publicité. Le mythique Maracana de Rio, dont la rénovation s'est élevée à 430 M d'euros, n'a été clos que quelques jours avant le match d'ouverture. L'accès dans certains de ceux-ci n'en est pas moins resté bancal, à l'image des escaliers, tremblant sous une masse de supporters affluant dans l'antre du ballon rond. Une fignolage dans la précipitation. C'est le risque des chantiers titanesques conduisant à des installations touristiques et sportives futuristes, notamment pour la Première puissance d'Amérique du Sud et 7ème puissance mondiale, pour laquelle les attentes se font plus grandes.

"Nettoyage social" abusif

Ce qu'a relayé la presse, c'est non seulement le coût des travaux faramineux, mais aussi les expropriations abusives, appelées péjorativement « opérations de nettoyage social ». Dans un pays où un million de personnes sont à la rue, cela à quelque chose de scandaleux, même si le but final est d'embellir les villes et de gagner en standing. En effet, les projets initiaux toutes villes confondues ne faisaient pas état d'expropriations. Au fur et à mesure, les favelas et leurs habitants ont été concernés. A Rio, des autoroutes, un village olympique en vue des J.O de 2016, se sont greffés au projet initial, annonçant ainsi l'expulsion de nombreux cariocas, et menaçant les favelas les plus anciennes telles que Morro da providencia (1887), abritant plus de 6 millions d'âmes. Il apparaît plus facile pour la municipalité et le gouvernement brésilien accompagnés de leurs promoteurs immobiliers de s'attaquer aux classes sociales les plus vulnérables, bafouant leurs propres lois sur les expropriations. Le secrétaire de la FIFA, Jérôme Valcke, a d'ailleurs eu une réflexion « brillante » là dessus, cautionnant ces problèmes majeurs. « Je vais peut-être dire quelque chose de fou, mais un moindre niveau de démocratie est parfois préférable pour organiser une Coupe du Monde. ». Si les gardes-fous cautionnent, il n'y plus aucun recours moral pour faire respecter la loi. Pourquoi ne pas réfléchir à des solutions humaines en intégrant, dès les projets initiaux, les multinationales au contexte social propre à chaque ville devant être aménagée ?

Source de l'image : parisfoot.net

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